En février 1562, deux navires quittent le Havre sur la côte nord-ouest de la France. Ces navires sous le commandement de Jean Ribault, un Huguenot, faisaient voile vers la Floride espagnole. Fin avril 1562, Ribault aperçoit la côte Est de la Floride, non loin d’Anastasia Island. Le 1er mai 1562, ses vaisseaux s'engagent dans St. Johns River, qu'il dénomma Rivière de mai, non loin de l'actuelle Jacksonville, en Floride.
Ribault et ses hommes passèrent quelques jours à explorer la région, ils prirent contact avec les indigènes et érigèrent un monument en pierres pour revendiquer les droits de la France sur le territoire, puis firent voile vers le nord en longeant la côte ; rappelons que le débarquement français à Jacksonville en 1562 est antérieur de 45 ans à la colonisation de Jamestown et qu'il eut lieu 58 ans avant l'arrivée du Mayflower.
Jacksonville et les communautés avoisinantes sont très fières de cet héritage et nous vous encourageons à approfondir cette histoire.
Il existe un grand nombre de publications et de sites d'informations décrivant le débarquement de Ribault en 1562. La librairie des ressources vous permet d'y accéder.
Histoire de la véritable découverte de la Floride par le capitaine Jean Ribault
Traduit d'après une copie manuscrite qui se trouve au British Museum à Londres (orthographe d'origine.)
On peut voir une copie numérique de ce document dans La Collection Numérique de l'Université de Floride
Après quoi ayant avec soin levé l'ancre et hissé les voiles nous naviguâmes avec courage et vîmes la côte qui s'étendait devant nous, nous apportant un parfum suave et un spectacle d'une beauté indicible. Et comme nous voyions aucun signe d'aucune passe, vers le coucher du soleil nous jetâmes à nouveau l'ancre et ceci étant fait nous contemplâmes de part et d'autre la beauté des arbres que Dieu a placés là pour abriter la terre. Puis apercevant vers le Nord une chute d'eau, semblable à un ruisseau tombant de la terre dans la mer, nous hissâmes à nouveau les voiles pour doubler la chute pendant qu'il faisait encore jour. Après quoi, lorsque nous eûmes dépassé la chute, apparut devant nous la belle embouchure d'une grande rivière, ce qui nous fit jeter l'ancre à nouveau et mouiller là près de la terre pensant que le matin suivant nous pourrions voir ce que c'était. Et, bien que, pendant un certain temps le vent soufflât avec véhémence en direction du rivage, le fond est si stable et solide à cet endroit qu'un câble et une ancre suffirent à nous empêcher de dériver ou avancer.
Le lendemain matin, qui était le premier jour de mai, nous tentâmes d'entrer dans la passe avec deux canots à rame et un bateau bien gréé, constatant qu'il avait peu d'eau à l'embouchure, mais de la houle et des lames qui auraient pu nous surprendre et nous contraindre à revenir à bord, si Dieu n'avait permis que nous franchissions rapidement la passe où, avec 5 ou 6 brasses de fond nous entrâmes dans une grande et belle rivière qui, à mesure que nous progressions, augmentait en largeur et en profondeur bouillonnant et résonant d'une multitude de poissons de toutes sortes. Etant ainsi entrés dans la rivière nous aperçûmes quantité d'Indiens, qui demeuraient là, et qui traversant les sables et le rives s'approchaient de nous sans aucune crainte ni indécision, nous indiquant le meilleur endroit pour débarquer, sur quoi nous leur donnâmes à notre tour des signes d'assurance et d'amitié et l'un de ceux qui parmi eux avaient la plus belle allure, frère de l'un de leurs rois ou gouverneurs ordonna à l'un des Indiens d'entrer dans l'eau, de s'approcher de nos bateaux et de nous indiquer le meilleur endroit pour débarquer. Ce que voyant, sans aucun doute ni difficulté, nous débarquâmes, et le messager, après que nous l'eûmes récompensé en lui offrant des miroirs et autres objets de peu de valeur se mit à courir vers son chef, qui alors me fit porter une ceinture en témoignage d'assurance et d'amitié. Cette ceinture était de cuir rouge, et aussi décorée et colorée que possible. Comme je me dirigeais vers lui il s'avança vers moi et me reçut avec courtoisie selon leurs coutumes et tous ses hommes le suivaient en grand silence et modestie, oui, mieux que ne le faisaient nos hommes. Et, après que, selon l'usage, nous nous fûmes congratulés pendant un certain temps, nous nous agenouillâmes sur le sol à quelque distance, pour prier Dieu et lui demander de continuer à nous manifester sa bonté et faire connaître ces pauvres gens à Notre seigneur Jésus Christ. Pendant que nous priions, ils étaient assis sur le sol qui était recouvert de branches et nous regardaient et nous écoutaient très attentivement sans parler ou bouger.
Et, comme je faisais un signe en direction de leur roi, le bras tendu et le doigt pointé vers le haut, dans le seul but de lui faire regarder le ciel, à son tour il leva le bras en direction du ciel, en pointant deux doigts, comme s'il voulait nous faire comprendre, ainsi que nous l'apprîmes plus tard ,que les dieux qu'il adorait était la lune et le soleil. Pendant ce temps, leur nombre augmentait et nous vîmes s'approcher le frère du roi que nous avions vu précédemment, leurs épouses, sœurs et enfants et lorsqu'ils furent ainsi assemblés ils coupèrent une grande quantité de branches et préparèrent pour nous une emplacement distant d'environ deux brasses de l'endroit où ils se tenaient ; car ils ont coutume de s'asseoir pour parlementer et marchander, et leur chef se tenait à distance des gens plus communs, ils manifestaient une grande obéissance envers leurs rois, leurs supérieurs et aînés. Tous étaient nus et de bonne constitution, puissants, beaux et leurs corps étaient aussi bien proportionnés que ceux de quiconque dans le monde, ils étaient gentils et courtois et d'un bon naturel.
La plus part d'entre eux couvraient leurs reins et parties intimes avec de belles peaux de cerfs, habilement peintes de différentes couleurs, la partie avant de leurs corps était recouverte de beaux dessins bleus, rouges et noirs si bien et si proprement faits que les meilleurs peintres d'Europe n'auraient pu les égaler. Les femmes ont le corps couvert d'une certaine herbe dont les arbres sont toujours couverts. Pour le plaisir, les hommes se parent toujours de cette herbe, de différentes manières. Ils ont la peau de couleur fauve, le nez en bec d'aigle et sont de bonne contenance. Les femmes sont gracieuses et modestes et ne supportent pas qu'on les approche de trop près. Mais nous ne sommes pas allés dans leurs maisons car nous n'en avons vu aucune à ce moment.
Nous nous attardâmes au nord de la rivière pendant le reste de la journée, et nous avons appelé cette rivière, rivière de mai car c'est ce même premier jour de mai que nous l'avons découverte, les avons salué et fait alliance et conclu amitié avec eux et fait présent à leurs rois et à ses frères des tuniques bleu garnies de fleurs jaunes. Ils semblaient regretter de nous voir partir et la plupart d'entre eux entrèrent dans l'eau jusqu'aux genoux pour mettre nos barques à flot, nous offrant différentes sortes de poissons, qu'ils peuvent attraper très rapidement dans les parcs qu'ils ont construits dans l'eau au moyen de grands filets très astucieusement disposés en labyrinthe ou nasse, avec un si grand nombre de coudes et de détours qu'il est impossible de les faire avec plus d'adresse et d'ingéniosité.
Mais comme nous désirions passer le reste du jour sur l'autre rive, pour rencontrer et connaître les Indiens que nous y avions vu, nous traversâmes la rivière et sans aucune difficulté débarquèrent parmi eux, ils nous reçurent avec grande amabilité, nous apportant jusque dans nos bateaux des fruits comme des mûres et tous les autres fruits et épices qu'ils trouvaient sur leur chemin.
Peu après arrivèrent leur roi avec ses frères ainsi que et d'autres hommes portant des arcs et des flèches, dont le comportement digne et grave faisaient penser à des soldats dont la hardiesse était toute guerrière. Ils étaient nus et peints comme les autres, les cheveux également longs, avec une sorte de dentelle faite d'herbes sur le sommet de la tête, mais il n'y avait eux ni femmes ni enfants....